Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monseur, j’ay receu la votre du XIXe du passé et une aultre parevant du XXIIIe
2d’aoust, et une aultre du XXIIIe du passé, toutes escriptes à Laval. Et
3pour vous respondre à celle d’aost, j’ay receu aussi grand contentement
4de l’arrivée et bon voyage et proffict et honneur de monseur d’Horches,
5comme s’il estoyt ung de mes propres enfens, et en rendz graces à
6Nostre Seigneur, et luy prye de bien bon cœur luy donner longuement joyssance
7de toutz ces biens et honneurs. Et à ce que dictes qu’avez envoyé
8deux archyers à ceulx d’Oranges pour vous faire payer, je me doubte
9que vous n’en serez jamais payé sans leur mander despence à bon
10essyent, ce que je suis d’advist que vous faictes ; et quand ilz
11payeront, ne fault que vous oblyez de vous faire payer XXVIII soulz
12que j’ay despendu pour les mander solissiter. Ilz me mandarent que
13brief de temps ilz payeroyent la somme et aussi lesdits despens,
14partye, je porroyez achepter une penssion de cent escus, de quoy
16suis pressée de beaucoup de coustés. L’acte vous porra bien
17adresser pour quel bout vous povés commenser pour leur faire
18despence. Je scay bien que leurs mollins vous sont hypotèqués,
19encores qu’ilz les ayent vendus à monsieur de Saint-André. Je me
20suis tousjours doubtée qu’il ne vous porte domage de les
21attendre, tant pourtant prenez y garde. Je suis très aise
22qu’ayés en propos d’envoyer noz enfens en cez cartyers et que vous
23et madame de Gordes les vuelhés suivre, et vous puis assurer
24qu’ilz ne me scauroyent desacommoder en nulle sorte du monde,
25ains me sera grand plaisir et contentement. J’ay veu les articles
26qu’avoyent porté ceulx de la derrision à leur majesté
27contre vous et ce que vous en a escript leur dicte maiesté,
28dont j’en rendz graces à Nostre Seigneur qui vous a conduit
29[v°] de voz actions. Et pour responce de celle du XIXe de septembre,
31je rendz graces à Nostre Seigneur que Évènes et Laval soyent arrivés en bonne
32santé. Je suis de votre advist qu’il est impossible que la jambe
33dudit Laval ne ne se trovast enflé le soyr du grand voyage.
34J’ay tousjours heu spérence en Dieu qu’il recepvroyt bon visage de
35leur maj[es]té et de Monseigneur et ay spérence en luy qu’il en repcevra
36bon traictement. Si votre frère La Roche ha ung peu d’entendement,
37il pensera aux exemples qu’il a veu devant ses yeulx et
38croyra votre conseil, que me semble seroyt fort bon, qu’il s’en
39vint avec monseigneur le mareschal Dempville, Je suis bien aise
40qu’estes tousjours en oppignion d’envoyer les enfens et de les suuyvre.
41Touchant les mil escus, ilz sont toutz prestz, quand j’aurey la
42commodité les vous envoyer ; mais assurés-vous que ne les mettray
43en mainz qu’ilz ne soyent bien seurs, pour peur des inconvénientz ;
44et à ce que dictes qu’avés envye de scavoyr comme les affaires
45sont en ces cartyers, Dieu graces l’ons y est en grande paix et
46tranquilité. Dans la lettre escripte d’aoust, y avoyt ung bilhet
47me faisant entendre que vous havés ung homme en main que vous
48semble seroyt propisse pour regarder sur toutz voz affaires, et que je
49m’en enquestasse de mon nepveu, monsieur l’escuyer de La Coste,
50lequel je n’ay veu despuis. Il est tant empressé à sa faulconarye,
51que je ne le voys guières, et mesmes que monsieur de Cabanes luy
52a dict qu’il n’est pas d’avist que viegne prendre les perdrix
53ici, ains les fault garder pour vous. Il n’a pas grand envye de
54faire le voyage en Daulphiné. Et pour vous respondre à celle du
55XXIIIe du passé, je rendz graces à Notre Seigneur qu’estez tousjours en
56oppignion de faire partir noz enfens et de les suyvre et que les choses
57soent en bon estat en Daulphiné. J’ay aussi veu la lettre que vous a
58escript leur maj[es]té ; j’ay aussi veu celle que vous escript
59Evenes et rendz graces à Nostre [Seigneur] de ce qu’ilz sont toutz en bonne
60[fol.61] santé. Vous ne me scauryés faire plus grand plaisir que d’escrire à votre frère
61La Roche qu’il laisse ces meschantes et maleureuses oppignions, et si Dieu
62luy faisoyt la grace de se volloyr retorner, vous le povés assurer que
63toutz ses plus proches seroyent de bonne volanté luy faire tout le
64contentement de quoy ilz se porroyent adviser ; et s’il ne le faict, je
65luy prye ne se monstrer jamais devant moy. Je luy escris, s’il vous
66à Laval et à monsieur d’Hourches et ay adressé ceste despeche à
68votre seur de Sainte-Claire, que la bailhera aux gens de monseur le
69cardinal que la vous feront tenir. Je loue Dieu de ce que me
70mandés qu’il y a beaucoup de gens que se remettent à notre sainte foy
71catholique, et ay spérence en luy qu’il imspera aussi les aultres, s’il
72luy plaict. Je n’escriray rien à monsieur de Caderosse, puisque
73ainsin vous le trovés bon. Je vous assure que noz affaires de Cabanes
74vont assez mal. Nous havons quelque vigne et olivette à Château
75Renard et à Noves. Ilz nous gagèrent l’année passée pour payer les
76tailhes ; l’ons en advertit monsieur le président de Masan. Il dict que
77manderoyt quelque provision et n’en fist rien. Ilz nous ont tourné
78gaiger ceste année et prins les fruictz que nous y prenons. J’en ay
79adverti monsieur le président de Fuveau qu’il y donne ordre, voyant
80qu’il est là sur le lieu. Je ne scay ce qu’il fera. Je vous prye solissiter
81Laval de l’affaire que vous scavés. Despuis j’ay parlé à
82monsieur de La Coste de l’homme que vous scavés, et m’a dict
83que ci peu que la congneu, que seroyt fort propisse pour voz
84affaires. Je vous renvoye voz lettres d’Évènes et de La Roche.
85Je vous prye continuyés à l’andret de vostre frère La Roche comme
86avés à commansé. Vous ne sayés fère puls gande cheyse et à moy byen
87gant pelsyr, é je prye Dyeu que vous tyenne an sa seynte
88garde é portesyon. Vostre seur se recommande humblemant à vostre
89bonne grasa é de madame de Gorde, comme ausy foys-je.
90Vostre mère
92Pierre de Pontevès
93